
Titre original : Camisole-moi
Auteur: Martine Roffinella
Éditeur: Bourin Francois Eds
Année de parution: 2008
Nombre de pages: 128
Temps de lecture moyen: 2h10mn
On dit souvent que l’amour n’a ni âge, ni COULEUR, ni ORIGINE, ni SEXE, ni RELIGION. On dit aussi parfois que l’amour n’est ni raisonnable, ni raisonné. J’ai voulu lire ce que pouvais donner une combinaison de 4 éléments parmi ceux cités plus haut.
Résumé:
Très bien, ta cathédrale bougera, vacillera, sombrera puis montrera sa flèche, selon les humeurs du sol instable. Moi, je restaurerai sans cesse tes fondations, j’entretiendrai irrémédiablement ton culte. Immergée et visible, tu seras un lieu d’adoration.
Auteur Tardif de Quarante-Huit Ans [AT48] connaît une folle passion pour Femme Éditrice de Cinquante-Huit Ans [FE58], la directrice de la maison d’édition qui la publie. Entre ces deux femmes qui se séduisent, se défient, se brûlent, la liaison qui se noue est cruelle, tactique. Dans ce roman à deux voix, la soumission de l’une se heurte à l’indifférence sournoise de l’autre, au cours d’une relation d’autant plus exaltée qu’elle est platonique. Mais l’abandon de soi n’est jamais très éloigné de la rébellion…
Un texte d’une grande puissance, servi par une langue aussi enflammée et cinglante que son sujet.
Mon avis:
Dans cette histoire que nous propose Martine Roffinella, une célèbre éditrice de 58 ans [FE58] raisonnée et raisonnable ressent et exerce une attraction dévastatrice sur son dernier auteur phare [AT48], celle là même qui explose les ventes en librairies. Mais voilà [FE58] n’est pas du genre à mélanger business et plaisir.
Entre ces deux femmes, un jeu s’installe au fur et à mesure. Celui de la domination et de la soumission. Celui de la divinité et de sa fanatique. Dans ce journal intime à 4 mains, on suit sur 33 enregistrements l’adoration, la dévotion, les espoirs, les fantasmes, les désillusions de [AT48] et sur 32 décryptages les pensées, les sentiments, les fantasmes, les désirs de possessions de [FE58].
Enregistrement 5
Tout passe par toi. J’ai besoin de ton autorisation pour respirer, pour m’alimenter, pour dormir. Quelquefois tu lâches une gourmandise. Tu écris: »Je t’embrasse » , et alors là, c’est festin. Le pain, je le romps, la mie, je la dévore, la viande, je m’en gave. Le lendemain, j’ai pris cinq cents grammes – le poids de ton affection contenue dans ces mots: »Je t’embrasse. » Soudain j’existe. J’occupe une place.
Décryptage
Et maintenant elle est entrain de fumer seule en se disant qu’elle passe à coté d’une histoire qui aurait pu, même brièvement, devenir intéressante. D’abord, voyons voir: [AT48] s’assoit sur le canapé. Comme elle est extrêmement timide, elle demeure posée, tel un vase antique, exactement à la place qui lui est dédiée, elle ne bouge pas d’un cil, elle est muette.
[FE58] est certes aux commandes, est celle qui impose le rythme de leur tango mais c’est aussi une femme prise dans son propre piège et qui se refuse la contradiction. C’est une femme qui a peur d’aimer et d’ailleurs son désir de possession et domination pousse très souvent à bout.
A contrario, [AT48] vit une vie de fidèle, elle boit littéralement les paroles de son éditrice, quémande son affection. Elle a parfois des sursauts de rébellion, capitule tout aussi rapidement et fini par donner à [FE58] le statut de divinité pour justifier son manque de considération.
Et puis tout se mêle, les règles changent et la soumise peut se proclamer divinité à son tour: Tel est pris qui croyait prendre. Un grand bravo à l’éditrice qui a su faire son boulot jusqu’à la fin.
En bref
C’est poétique, c’est sentimental, c’est tordu, c’est triste, c’est lumineux mais c’est surtout passionnel. J’aime!
Note (17,5/20)
2 réflexions sur “[Spécial St-Valentin]: Camisole-moi • Martine Roffinella”