Titre original : Et tu te soumettras à la loi de ton père

Auteure: Marie-Sabine Roger

Éditeur: Actes Sud, collection Babel

Année de parution: 2019

Nombre de pages: 176

Temps de lecture moyen: 3h

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Deuxième sélection, locale ce coup ci, pour ce spécial ‘AuteurE au féminin‘. Marie-Sabine Roger nous parle dans ce roman, d’enfance gâchée, de famille disloquée et d’un père intégriste craint de sa famille, de ses voisins, sinon même de tout le village.

Résumé:

Une fillette d’une dizaine d’années témoigne du quotidien de sa famille, tyrannisée par un père intégriste, qui soumet les siens à sa vision altérée de la religion catholique. Chez elle, on ne doit pas poser de questions, pas demander d’explications. Seule compte la parole du Seigneur, faite de mots compliqués, alambiqués, inintelligibles, débitée par cet homme au cœur sec. Les aînés partis, la mère consacre toute son attention à Fabien, le petit dernier, qui ne grandit pas, ne sait pas tenir sa tête, ne vivra sans doute pas bien longtemps.

Pour tenter de rendre plus supportable cette atmosphère pesante, celle à qui l’on vole son enfance s’obstine, invente ses propres réponses, se fraie un chemin à travers les mots et découvre le goût de l’insoumission.

Mon avis:

Une gamine de dix ans nous raconte sa famille. A travers ses yeux, on découvre, un père catholique intégriste, une mère soumise, un grand frère et une grande sœur absents, un petit frère Fabien qui ne grandit pas et l’amour incommensurable que seuls sa mères, ses frères et elle semblent éprouver pour le petit Fabien. Et puis ce père si froid…

La foi entre les mains d’un homme comme toi, c’est une arme de poing.

Une arme blanche.

Elle fait infiniment plus de mal que de bien.

A l’âge où les esprits s’éveillent, sont curieux sur tout ce qui fait ce monde, s’émerveillent et s’amusent de tout et rien; dans la famille de la fillette, on ne s’amuse pas, on ne pose pas de questions, on se muselle, car le patriarche scande par tout temps que « le silence est d’or » selon les évangiles. Donc on se tait, et la petite pleine de questions doit apprendre à tenir sa langue.

Ici, on ne peut être heureux qu’en aparté.

Le plaisir est un trésor secret, un bien être qui se resquille.

C’est du bonheur de braconnier

Le fillette se lance alors dans ce monologue, s’imagine, se pose et répond aux questions dont elle n’a pas forcément la réponse. L’auteure a su trouver les mots justes et apporter de la naïveté, de la compréhension, et de la dureté parfois aux propos de la fillette. Elle grandit vite et développe un sens de l’ observation, de l’interprétation et une maturité surprenante pour son jeune âge. Elle analyse sa famille, ses voisins, leur rapports et son père encore et encore. Il est au cœur de ses réflexions.

Tu ne nous éduques pas, tu nous dresses.

Tu ne nous élèves pas. Tu nous rabaisses.

On s’attend à ce que la fillette capitule devant tant d’autorité, mais bientôt elle doute de tout, du bien fondé des paroles du père et de ce Dieu dont il se sert comme bouclier pour justifier son esprit étriqué. Sonne alors le temps de la rébellion, de l’insoumission, celui où elle pourra briser ses chaines et vivre enfin…

En bref

Une histoire très émouvante, on a de la peine pour la famille et surtout la petite bridée dans ses élans par un père manipulateur se réfugiant derrière des propos bibliques sortis de leur contexte. C’est tellement bien écrit que je ne peux que vous le conseiller♥♥

Note (19/20)