
Titre original : Passe un ange noir
Auteure: Anne Bragance
Éditeur: Mercure de France
Année de parution: 2008
Nombre de pages: 176
Temps de lecture moyen: 2h40
Je suis tombée sur cette perle dans une librairie d’occasion et cette période de confinement me permet de rajouter ce titre à ma sélection ‘AuteurE au féminin‘. Anne Bragance raconte l’amitié singulière entre un vieux monsieur et une adolescente. Malgré leur différence d’âge, ils développent une complicité qui en étonne plus d’un…
Résumé:
Tous les jours, Andres Soriano, perclus d’arthrose, se poste sur le banc de l’abribus de la ligne numéro 15. C’est là qu’il rencontre Milush, l’adolescente au drôle de prénom. La jeune fille et le vieux monsieur entament la conversation. Elle vit seule avec sa mère ; lui nourrit l’espoir quasi obsessionnel de retrouver l’ange noir qui l’a un jour émerveillé par son chant magnifique… Malgré la disparité de leurs âges, les lourds secrets de famille, les peurs et les peines, une affinité élective hors du commun va se révéler entre la gamine impertinente et le vieil homme, qui fondera peu à peu une belle complicité et illuminera leurs existences.
Mon avis:
Il y a parfois de ces livres qui mettent du baume au cœur et indéniablement celui ci l’était pour moi. L’histoire d’une amitié singulière entre un vieux monsieur de soixante dix huit ans et une lycéenne de quinze ans. Andres et Milush ont tout qui les sépare, l’âge, l’environnement, le langage, les préoccupations,…tout, du moins c’est ce qu’on penserait.
Le vieux monsieur vit dans le silence et la solitude, se divertit sur le banc de l’abribus à regarder les personnes passer et échanger avec eux quelques mots avant qu’ils ne s’engouffrent dans leur bus. Et puis, un jour en se rapprochant de l’abribus, Andres entend quelqu’un chanter. De peur de l’effrayer, il reste à distance et est subjugué par la voix et le chant de celui qu’il appellera plus tard l’ange noir.
Ils se fient à ce qu’ils voient, ils ignorent qu’au-dedans le cœur continue à trépigner dans sa petite cage, qu’il refuse de se laisser museler, qu’il mène sa sarabande et n’accorde jamais de repos. Ils sont jeunes, pas de blâme, ils ne peuvent imaginer que le cœur ne vieillit pas, qu’il exige toujours, s’embrase toujours.
L’adolescente est fille unique, a grandi dans un foyer monoparentale élevée par une mère obnubilée par son travail. Milush a l’impression d’être invisible aux yeux de sa mère et se morfond dans leur quotidien sans bruit et sans effusions. Elle rencontre Andres à l’abribus et sa façon de parler l’intrigue puis la fascine, elle découvre de nouveaux mots, y prends goût. Petite fille sans figure paternelle découvre qu’un grand père pourrait bien aussi faire l’affaire…
Le Nil Bleu s’écarte de Selima
Sagaie! Pitié pour l’antilope
Sagaie, ne frappe pas celle qui galope
Quand monte le chant du garçon
Le temps s’agenouille.
Il y a tellement à dire dans la manière dont ces deux personnes solitaires vont se lier d’amitié qu’on penserait que le roman ne parle que de ça. Que neni! Autour de nos deux protagonistes gravitent des personnes en quête de moment de partage, de nouveaux objectifs de vie, de raison d’avancer malgré leurs échecs… On plonge rapidement dans l’histoire et la parole est donnée à tous les protagonistes, points de vue interne, âmes mises à nues, tout plein de petites choses qui font qu’on s’attache rapidement aux personnages. La charme de ce roman selon moi est son parfum d’écriture, vieillot avec ses tournures de phrases et ses mots peu utilisés de nos jours.
Peut être que comme moi, à la fin de cette lecture, la prochaine fois que vous verrez un vieux monsieur, vous penserez à Andres et vous prendrez le temps d’écouter celui qui ne cherche qu’à s’évader de sa solitude…
En bref
Belle leçon d’humanité et d’humilié, j’en ai versé quelques larmes d’émotion.
Note (17/20)
La première édition date de 2008, aviez vous déjà lu ce roman?
Connaissez vous les œuvres de Anne Bragance?
4 réflexions sur “[Spécial AuteurE]: Passe un ange noir • Anne Bragance”