
Il y a 10 mois environ, je participais à une semaine de stage d’écriture -une autre histoire à vous raconter- et on évoquait justement pendant notre dernière séance , les livres qui nous avaient marqué et pourquoi nous ne les oublierions pas de si tôt. L’écrivaine -tout juste géniale- qui animait le stage nous a révélé qu’elle avait été touchée par ce roman de Julie Otsuka et nous conseillait de le lire pour nous en faire notre propre idée.
Résumé:
Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d’un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Chœur vibrant, leurs voix s’élèvent pour raconter l’exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l’humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l’oubli
Mon avis:
La première chose qui m’a interpellé le long de cette lecture est l’emploi de la première personne du pluriel.Bien sur j’avais été avertie -par notre écrivaine qu’on va garder secrète pour le moment-que la personne employée pour relater le récit n’était ni le ‘IL’ ou encore le ‘JE’ plus personnel, je me demandais comment on pouvait raconter une histoire (intéressante) en n’utilisant que le ‘NOUS’. Comment vous dire que j’y croyais pas avant de le voir de mes propres yeux,un air de St Thomas dans la famille.
La fiction nous plonge au début du XXe siècle et sur 142 pages, j’ai suivi ces japonaises qui ont tout laisser derrière elles pour un avenir meilleur . Elles étaient pour la plupart issues de famille modeste, fuyaient leur condition de femme dans un pays aux coutumes bien ancrées , leur seul espoir était ce mariage arrangé par personne interposée. Déçues pour la plupart à la rencontre de leur mari en Amérique, ces femmes ne cesseront d’essayer de s’acclimater à leur nouvel environnement; de surmonter leur chagrin, leurs peines ; puis célébrer l’once de vie qui reste .
Le roman est singulièrement reparti en étapes de vie, de l’arrivée en Amérique à la guerre qui va tout raser et puis l’exil qui va laisser un vide . J’ai été émue au plus haut point par certains passages ,surtout ceux sur le temps qui passe, les naissances , les infidélités, la vie tout simplement…
Nous avons accouché mais le bébé était déjà mort dans notre ventre et nous l’avons enterré, nu, dans les champs, près d’un ruisseau, seulement nous avons déménagé tant de fois que nous ne nous souvenons plus où il se trouve
L’histoire racontée au ‘NOUS’ me faisait prendre conscience qu’elles étaient un groupe, une communauté et qu’à ce titre, même si chacune d’elles vivait des situations différentes, c’était elles toutes qui le vivaient. Ensemble, elles traversaient le temps, faisaient front et malheureusement disparaîtraient des mémoires…
Mon unique reproche est la longueur sur certains passages: raconter les détails de plusieurs vies à tendance à étirer le temps.Mais peut être était ce le but recherché par l’auteure, les laisser le plus longtemps possible dans leur histoire afin qu’on nous ne les oubliions pas?
En bref
Belle fiction historique -limite documentaire quand on voit la liste des sources et témoignages utilisés par l’auteure-et point de vue très global et personnel d’immigrantes japonaises à la veille et pendant la 2ème guerre mondiale.
Note (16/20)
2 réflexions sur “[Spécial Résilience]: Certaines n’avaient jamais vu la mer • Julie Otsuka”