[Spécial AuteurE]: Le tremblement • précédé de Lundi de la semaine dernière • Chimamanda Ngozi Adichie

Titre original : On monday last week, The Shivering

Auteure: Chimamanda Ngozi Adichie

Traductrice: Mona de Pracontal

Éditeur: Gallimard, collection folio 2€

Année de parution: 2019

Nombre de pages: 96

Temps de lecture moyen: 1h30

Deux nouvelles de Chimamanda Ngozi Adichie nous attendent dans cette cinquième sélection pour le spécial ‘AuteurE au féminin‘. De cette écrivaine, on connait le parti pris: des femmes toujours au cœur de ses récits. Ce recueil de nouvelles n’y fait pas exception; elles ont quitté le Nigéria, ont immigré aux Etats Unis et dans l’incertitude de leur vie, elles réalisent que le terre des origines est bien lointaine…

Résumé:

Foi qui se questionne, désir déçu, homosexualité qui ne peut se dire, âpretés de l’exil… Dans ces deux nouvelles, l’auteure d’Americanah tisse magistralement les trajectoires de personnages pour lesquels «la terre des origines» est lointaine et que secouent d’intimes déchirements.

Mon avis:

J’avais déjà dans un précédent article fait ma déclaration d’adoration à cette écrivaine. J’adore tout ce qu’elle écrit, avis subjectif (à raison) donc à l’horizon.

Dans la première nouvelle ‘Le lundi de la semaine dernière’, Kamara est la baby-sitter de Josh, le fils de Tracy. Lundi de la semaine dernière, elle a vu pour la première fois Tracy et depuis lors, elle n’arrête pas de penser à Tracy. Elle se refait le film de leur rencontre à longueur de journée, elle pense à prendre soin de son apparence physique, elle pense à se glisser dans l’atelier de peinture de Tracy, elle pense à ce qu’elle dira à leur prochaine rencontre, elle pense à …Tracy. Depuis lundi de la semaine dernière Kamara sourit à nouveau mais son obsession ne traduit elle pas plutôt un mal plus profond?

Dans la deuxième nouvelle, Ukumaka est angoissée. Elle vient d’apprendre qu’un avion s’est écrasé au Nigéria. Un avion qui transportait peut être son ex petit ami. Chinedu, un voisin sonne à sa porte et lui propose de faire ensemble une prière pour leur pays, le Nigéria. Ukumaka le laisse entrer…Et commence à raconter son ex petit ami, sa foi vacillante et son ex petit ami encore et encore. Chinedu, inexpressif écoute sans broncher les soliloques d’Ukumaka et bientôt fatigue de ces conversations à sens unique. Pense- t elle donc être la seule à vivre des moments difficiles?

Les protagonistes de ces nouvelles ont faim d’attention et de contact. Loin de leur terre d’origine, seuls dans des mégapoles américaines, ils se questionnent sur leur ménage, leur orientation sexuelle, leur foi, leur avenir. Au delà de l’introspection à laquelle ils se livrent, des bouleversements qui secouent leur vie, nos protagonistes se doivent de comprendre en plus les subtilités des personnes de leur vie.

Comme toujours, la plume de l’auteure est de celle que j’apprécie beaucoup: fluide, riche et accessible. Les chutes des nouvelles sont cohérentes et je pense qu’il y aurait pas eu mieux comme clin d’œil de fin.